C’est une grande parcelle assez pentue, ponctuée d’affleurements schisteux. Le sol est essentiellement pierreux. Sa profondeur cultivable est parfois nulle, souvent faible. La parcelle est exposée en plein soleil 6 mois de l’année, totalement à l’ombre en hiver.
Que faire d’un tel endroit ?
Celui-ci est le plus propice à la culture des succulentes, d’autant que la nature du sol et la pente assurent un drainage correct en période de pluie.
On y a donc installé le « jardin mexicain » en référence aux plantes du désert mexicain qui résistent à des conditions de sécheresse et d’ensoleillement extrêmes. Il faut bien rappeler que, localement, les pluies sont quasiment nulles entre mai et septembre (enfin, normalement !), et que l’emplacement subit les températures des mois les plus chauds du Midi de la France.
Mais si l’avantage d’un drainage correct en période de puies est certain, celà devient vite un inconvénient majeur en période chaude : pas de profondeur de sol ni d’humidité résiduelle, éléments nécessaires à la croissance des succulentes, y compris les cactées les plus rustiques. A noter qu’aucun arbre ne procure sur cette pente la moindre ombre bénéfique pour calmer les ardeurs du soleil, ni pour retenir l’eau de pluie ou de rosée.
A la création de cette parcelle, on a donc réalisé quelques aménagements destinés à fournir des conditions de croissance minimum
Ce sont d’abord trois restanques concaves et une quatrième convexe au sommet, « faites maison », en pierre de schiste pour rester dans le ton des affleurements, qui marquent visuellement la profondeur du terrain et facilitent en même temps l’installation des végétaux (sur la construction des restanques et ouvrages en pierres sèches, voir un excellent livre électronique sur le blog pierresèches . )
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Les restanques : sur la première, s’épanouit Kalanchoe fedtschenkoi; sur la deuxième, de gauche à droite, Kalanchoe longifolia ‘Coccineus’, Crassula tetragona et Crassula ovata ‘Hummel Sunset’; sur la troisième, trône un Aloe dichotoma ramosissima. Ce dernier étant très sensible à la pourriture en cas d’humidité persistante, surtout en saison froide, la terre a été totalement remplacée par de la pouzzolane pure. Drastique, …mais ça marche ! Les autres végétaux de la restanque sont plantés dans un mélange terre/pouzzolane dans lequel cette dernière est majoritaire.
Ensuite, il a fallut ajouter une verticale pour modeler ce terrain dépourvu d’arbre et d’arbuste. Pour reprendre les propos sur la perspective en contre-plongée présentés dans le jardin d’arbustes, et donner une autre dimension à la scène, c’est tout en haut de la parcelle qu’a été planté …un Brahea armata, bien sûr ! Ce palmier, originaire du Mexique, se retrouve la tête au soleil toute l’année de par sa taille déjà conséquente, …mais la plantation n’a pas été des plus simples.
Une fosse d’environ 1 m de côté a été creusée tant bien que mal au marteau piqueur dans la roche sous-jacente. Selon le type de schiste, celui-ci peut se désagréger plus ou moins facilement. Les racines du Brahea peuvent alors s’y frayer un chemin au fil du temps. Il faut le savoir, un sous-sol en schiste n’est pas forcément inutilisable ! Mais l’installation fut périlleuse : pelle mécanique et grand renfort de sangles ont été nécessaires pour monter d’une douzaine de mètres les 250 kg de Brahea. A prévoir avant de faire les plantations …
L’installation du palmier… un peu laborieuse !
Suite au démembrement du sujet d’Aloe arborescens qui se trouvait au milieu de la pente lors du défrichage de la parcelle, les boutures récupérées ont été plantées en bordure du jardin. En 2018, soit 6 à 7 ans après la plantation, la haie d’Aloe arborescens commence à prendre forme.
Des semis naturels d’Helichrysum italicum se sont installés un peu partout dans le jardin mexicain. Ils viennent compléter les plantations encore spartiates ou trop petites pour donner son caractère au jardin.
Huit ans après le commencement de ce jardin, l’aménagement commence laborieusement à prendre forme. La plantation sur un fond schisteux avec un volume de terre très restreint rend difficile l’installation et la croissance des végétaux. les espèces qui se ressèment naturellement, comme l’Helichrysum, doivent être préservés et favorisés.
Les premières aïzoacées commencent à donner un peu de couleur au jardin, et font écho aux Helichrysum qui se sont ressemé en bordure des chemins.
La partie la plus basse du jardin est encore embryonaire : plantée directement sur le rocher en exploitant les maigres poches de terre, elle demande un temps d’installation des plantes d’autant plus grand que cette partie est en plein soleil l’été et non arrosée.
Au bout d’une dizaine d’années, force a été de constater que la croissance des plantes n’a guère progressée. Celles-ci étaient en mode « survie » plutôt qu’en mode « croissance ». Aussi, toutes les plantes qui n’étaient pas installées dans les grandes restanques ont été déplantées, le temps de construire sur le rocher de petites restanques, en fait des retenues de terre individuelles en pierre de schiste, à la mesure des plantes.
Vint alors la rencontre avec Philippe RICHAUD, expert passionné par les succulentes, dont les serres se trouvent au Cannet. Sur son conseil, j’ai alors prolongé l’arrosage automatique sur cette parcelle. Si cela me semblait (et me semble toujours) incongru pour des succulentes, il est clair que la situation très particulière des lieux l’exigeait. Probablement, un terrain plat et parsemé d’ombre partielle aurait suffit à la croissance des succulentes sans eau (cf. Ruth Bancroft’s Garden), … mais pas dans les conditions de ce terrain.
A partir de ce moment, tout a changé en une année : croissance des succulentes, fleurissement sans précédent des Lampranthus, Drosanthemum et Delosperma. Voici quelques photos prises un an après la mise en oeuvre des nouveaux aménagements :
Début de croissance des succulentes et Cineraria maritima en bas à gauche (feuillage blanc)
Quelques semaine après, fleurissement des Drosanthemum micans, speciosum et hyspidum en bas à droite.
Vue partielle avec en bas à gauche le début du jardin sec, qui se prolonge par le jardin mexicain.
Vue rapprochée sur les restanques principales.
Sur les restanques supérieures, les lampranthus blancs, jaunes et roses font leur apparition.
Détail, bordé en bas par Cineraria maritima au feuillage blanc et fleurs jaunes.
Pleine floraison début mai.
Belle harmonie de couleurs entre Drosanthemum, Cineraria maritima et Lampranthus.
Détail de Drosanthemum speciosum (rouge) et, en bas à droite, Drosanthemum hispidum (rose).
Drosanthemum micans.
La collection de succulentes s’est depuis agrandie, mais la plupart des sujets sont encore en pot, faute de place et de temps. En voici quelques sujets :
Aloe mitriformis en fleur en mars.
Echeveria agavoides en pot
Agave vilmoriniana
Agave parryi truncata
Agave desmetiana variegata
Agave attenuata
Cleistocactus strausii
Cotyledon orbiculata ‘Takbot’
Cotyledon orbiculata
Crassula lanuginosa
Dasylirion en fleur
Inflorescence de Dasylirion, détail.
Delosperma cooperi
Echeveria ‘Fred Yves’
Delosperma mauve
Euphorbia resinifera
Graptopetalum amethystinum
Kalanchoe thysiflora et Senecio haworthii ‘Mont Blanc’ en premier plan
Kalanchoe Thysiflora variegata
Kalanchoe fedtschenkoi
Kalanchoe bracteata
Lampranthus rouge
Lampranthus rose
Lampranthus blanc
Sedum burrito
sedum rubrotinctum, magnifique succulente qui prend des couleurs avec la chaleur et la sécheresse.
Rhombophyllum rhomboideum, présente des fleurs très découpées qui ne s’ouvrent vhez moi qu’à l’ombre de la fin de journée.