Dans la catégorie que j’ai arbitrairement nommée « Plantes exotiques », j’ai rangé les plantes rustiques au « look tropical » qui évoquent une ambiance différente de celle du paysage méditerranéen traditionnel. Il s’agit donc plus de plantes à caractère exotique acclimatables dans nos régions.
Les plantes mentionnées le sont souvent pour leurs feuillages de formes et de coloris variés, parfois exubérants comme l’on en trouve en zone tropicale ou subtropicale, ou quelquefois pour leurs fleurs dont il émane un certain exotisme.
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Alocasia macrorrhiza
Originaire d’Asie, elle se remarque par ses grandes feuilles luisantes, nervurées et cordiformes, dont le pétiole s’attache à l’arrière de la feuille. Pierre CUCHE m’avait donné un moyen mnémonique pour différencier l’Alocasia du Colocasia : l’attache du pétiole sur la feuille se situe à l’Arrière pour l’Alocasia, et au Centre pour le Colocasia ! Avec l’âge, la plante forme un rachis au sommet duquel sortent et s’attachent les nouvelles feuilles. Les feuilles sont gélives et subsistent rarement tout l’hiver dans mon jardin. Elles repoussent, tardivement, en mai ou en juin selon la température. Il est également arrivée que les feuilles ne repoussent pas, sans pour autant que la plante soit morte. En effet, les années de sécheresse cumulée dans le midi ont conduit à ce qu’en 2017, la plante ne montre qu’une « flèche » verte au sommet du tronc, qui ne s’est jamais développée en feuille. La plante est ainsi restée défoliée toute l’année 2017.
Alocasia macrorrhiza. Rien de tel qu’une bonne pluie pour mettre en valeur les belles feuilles luisantes qui mesurent jusqu’à 1 mètre de long.
En été, Alocasia macrorrhiza produit des spathes qui ne s’ouvrent guère plus que sur la photo.
Canna cleopatra
Les cannas sont originaires des zones tropicales d’Amérique et d’Asie. Celui-ci est curieux : sur la même inflorescence, il peut porter des fleurs jaunes ou des fleurs rouges, ou encore des fleurs jaunes avec des fleurs rouges et même des fleurs associant les deux couleurs. Le feuillage, lui-même, est soit entièrement vert, soit vert marbré de rouge. Ces variations sont totalement aléatoires. La plante monte, avec ses inflorescences, à plus de 1,50 m en milieu ensoleillé, voire mi-ensoleillé.
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Canna cleopatra et ses effets de surprise : l’infloraison à gauche, qui associe des fleurs rouges et des fleurs jaunes, alors qu’à droite, la fleur est carrément partagée entre les deux couleurs. C’est du travail « artisanal » où chaque pièce est unique !
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Canna x generalis ‘Durban’
Ce cultivar offre un feuillage strié de brun-rouge et de jaune, laissant une place au vert en fin de saison. Ses fleurs orange s’accordent merveilleusement avec ce feuillage. Je n’ai pas pu faire autrement que l’installer à mi-ombre où il ne reçoit le soleil que quelques heures par jour, ce qui ne favorise pas la floraison. Le Canna adore le soleil.
Canna ‘Durban’. Sur la feuille du premier plan, on voit très nettement les couleurs multiples du feuillage qui virent au vert strié de jaune avec l’âge de la feuille, comme on le distingue sur celle en arrière plan.
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Colocasia esculenta ‘Antiquorum’
Ce colocasia présente un feuillage vert tendre marqué de taches pourpre sombre. Les nervures de la feuille restent toujours vertes. Il permet de jouer la diversité des feuillages. Je l’ai installé à l’ombre partielle, les pieds au frais, où il se développe de façon satisfaisante, bien qu’il puisse s’épanouir sans doute mieux les rhizomes totalement immergés dans un bassin. Je ferai l’expérience plus tard …
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Colocassia esculenta ‘Antiquorum’. Détail du feuillage où le pourpre se mélange au vert au niveau des nervures, …comme dans une aquarelle !
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Dahlia imperialis
Magnifique plante bulbeuse qui atteint 3,5 m à 4 m entre l’été et l’automne, puis fleurit en décembre. Après la floraison, je rabats au niveau du sol ses grandes cannes annelées qui ressemblent à des bambous. Son gigantisme et les feuilles opposées aux folioles ovales lancéolées ajoutent à l’ambiance exotique des lieux. Petit détail pratique qui a son importance : éviter de le planter dans un endroit trop venté qui aurait tendance à abimer irrémédiablement le feuillage et surtout à casser la tige florale avant la floraison.
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Dahlia imperialis. La couleur de la fleur n’est pas tout à fait exacte, car la teinte tire plutôt sur le mauve avant de devenir rose pâle en fin de floraison.
Dicksonia antartica
Originaire de Tasmanie, c’est une fougère arbustive très ancienne, endémique des forêts primaires. Elle devra donc être cultivée à ombre ou mi-ombre, en milieu humide. En fait, la précaution de culture à prendre en climat méditerranéen, réputé chaud et sec en été, consistera à installer un ou deux goutteurs du réseau d’arrosage automatique, non pas au pied de la plante, mais sur le haut et à l’intérieur du stipe, à la naissance des feuilles. En effet, au fur et à mesure qu’il grandit, le stipe est constitué de matière organique en décomposition qui va alimenter les racines qui remontent de la base. Il est donc fondamental pour la survie et l’épanouissement de la plante, de maintenir dans le stipe un taux d’humidité qui va contribuer à la dégradation de la matière organique et au nourrissage des racines. Le sujet que j’ai installé n’est jamais arrosé au pied, mais uniquement au cœur du stipe. Quant aux frondes, pas de commentaire : la photo parle d’elle-même !
Dicksonia antartica. Le stipe formé par les pétioles des frondes donne un air majestueux à cette fougère arborescente « d’un autre monde » !
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Ensete ventricosum ‘Maurelii’
D’origine asiatique, il pousse très vite, …et gèle également très vite au niveau du feuillage ! Là aussi, plantation au soleil, protégé des vents si possible, mais il est moins fragile au vent que Musa sikkimenis présenté plus loin. En effet, ses feuilles sont plus compactes et plus courtes que les musa, et donc moins sensibles à la déchirure. Il est très intéressant par la coloration de ses feuilles de couleur verte ornées de pourpre en certains endroits au dessus, telle la nervure principale, et totalement au revers. Ambiance exotique garantie !
Ensete ventricosum ‘Maurelii. Toute la richesse des couleurs du feuillage en une photo …
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Non, il ne s’agit pas des alvéoles en cire construites par des abeilles laborieuses… mais de la coupe du pétiole d’une feuille de Ensete ventricosum. L’attache des feuilles sur le stipe de ce bananier bénéficie ainsi d’une construction à la fois souple et très résistante à l’arrachement.
Fatsia japonica
L’attrait majeur de cette plante réside dans ses grandes feuilles palmilobées, nervurées, vernissées, et surtout persistantes. C’est en hiver que j’apprécie sa présence dans une plate bande un peu désertée par la végétation caduque. Il se plait mieux à l’ombre qu’en plein soleil où il jaunit. Sa floraison qui apparaît en décembre est également intéressante. Les inflorescences globuleuses sont formées de petites fleurs qui seront suivies de baie noires.
Fatsia japonica : un beau feuillage découpé et luisant qui met en valeur une floraison en glomérules originale.
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Première approche de l »inflorescence de Fastia japonica portée par une tige qui surplombe le feuillage.
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Fatsia japonica, détail de la floraison.
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Ficus trichopoda
Natif d’Afrique du Sud, je l’ai découvert chez Brigitte et Jo ISSA où il a aussitôt retenu mon attention. Sa feuille est en effet très attractive, d’un beau vert profond, parcouru de nervures blanc-ivoire, avec un aspect bien brillant. Le sujet grandit rapidement mais se dégarni de la base. En effet, les feuilles de l’année précédente tombent en hiver dans le jardin, peut-être en raison de la température plus fraiche. Le sujet reprend sa croissance par le haut dès l’arrivée du soleil printanier. Le sujet du jardin n’est pas exposé plein soleil mais à mi-ombre, ce qui peut expliquer ce comportement. La croissance est assez rapide : un peu plus de 2 m en 4 à 5 ans.
Ficus trichopoda. Non, on n’a pas lustré les feuilles pour la photo : un peu de soleil suffit à les faire briller et à mettre en valeur les belles nervures de couleur ivoire.
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Hibiscus calycinum
C’est une plante de petite taille, mais qui mérite d’être signalée par l’intérêt de ses pièces florales mises en valeur par tout un assemblage de couleurs. Au coeur d’une fleur jaune clair, avec une tache pourpre au fond, les pièces florales associent le jaune d’or et le pourpre.
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Hibiscus calycinum. Petite visite indiscrète au coeur de la fleur qui, malgré cette perfection, ne dure qu’un jour, comme d’ailleurs la plupart des fleurs d’hibiscus.
Hibiscus coccineus
S’il y a une fleur au look exotique, c’est bien celle-là. Originaire du sud-est des Etats-Unis, ses 5 pétales très découpés à la forme spatulée et à la couleur rouge, sont reliés à la base d’un pistil prohéminent qui lui donne cet aspect peu commun. La plante disparait l’hiver, ressort en fin de printemps et grandit de façon étonnante jusqu’à 1,50 m voire plus en à peine un mois.
Hibiscus coccineus. Un point d’attraction dans le jardin tropical, noyé au milieu de la végétation.
Hibiscus rosa sinensis
Originaire d’Asie du sud-est, il peut former un bel arbuste en climat chaud. Il est intéressant par ses grandes fleurs qui évoquent les îles lointaines !
Hibiscus rosa sinensis
Hibiscus rosa sinensis hybrides
Les hibiscus rosa sinensis ont fait l’objet de nombreuses hybridations toutes plus magnifiques les unes que les autres.
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Hibiscus rosa sinensis ‘Naranja’ est un bel hybride jaune oranger.
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Autre Hibiscus hybride …
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…détail des pièces florales
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Autre hibiscus hybride.
Hibiscus rosa sinensis espèce type
Un peu plus difficile à trouver : l’espèce type de Rosa sinensis. L’intérêt réside surtout dans une meilleure résistance au froids, quand bien même l’hibiscus demeure une plante fragile. Concrètement, on gagne quelques degrés avec l’espèce type. La forme de la fleur est un peu découpée que chez les hybrides et peut aider à la différenciation.
Hibiscus rosa sinensis, espèce type.
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Musa sikkimensis
Originaire des forêts montagneuses du nord-est de l’Inde. C’est un grand bananier avec un beau feuillage, vert et pourpre à l’ouverture des feuilles, puis virant au vert à maturité tout en conservant la nervure principale pourpre. Les feuilles sont assez longues et suffisamment fines pour se déchirer facilement sous l’effet du vent. Aussi, pour le conserver intact, il convient de lui trouver un endroit abrité du vent mais ensoleillé.
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Musa sikimensis. Le pied mère a fait un rejet : les nouvelles feuilles qui apparaissent sont magnifiques : vertes parcourues de pourpre, avec, toujours, la nervure principale pourpre.
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Le feuillage de Musa sikkimensis arrivé à maturité n’a rien à envier aux feuilles juvéniles : une nervure demeurant pourpre sur une feuille verte tendre, superbe par transparence. La fragilité du feuillage se remarque aux quelques déchirures de cette feuille adulte.
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La fructification de Musa sikkimensis est intéressante : de petites bananes apparaissent en étages successifs au fur et à mesure de l’allongement de la tige qui porte la fleur.
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Philodendron bipinnatifidum
Natif des forêts humides d’Amérique du sud (Paraguay et sud du Brésil), c’est un arbuste grimpant impressionnant qui porte des feuilles profondément découpées (d’où son nom puisque le limbe est découpé bien au-delà du quart de sa largeur). Il développe des racines adventives de plusieurs mètres, qui participent à la bonne santé de la plante. Il faut éviter de couper ces dernières, sauf nécessité. Je l’ai installé à l’ombre au pied d’un aplomb rocheux, dans l’espoir qu’il le recouvre de ses énormes feuilles de près d’un mètre de long. Le développement paraît assez rapide.
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Philodendron bipinnatifidum, ambiance exotique assurée.
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Philodendron bipinnatifidum. Sur la photo de gauche, on peut admirer les magnifiques feuilles qui mesurent 60 cm de long et plus. A droite, …ce n’est pas un serpent qui se faufile sur le mur, mais une racine adventive du philodendron. Celle-ci prend naissance à la base des feuilles, et a décidé d’aller voir les voisines du dessous. Faut surtout pas se géner !
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Phormium tenax
C’est une grande vivace originaire de Nouvelle Zélande. Elle lance vers le ciel de longues feuilles éffilées, à plus de 2 mètres de haut. Les fleurs, portées par des hampes de plus de 2,5 m, apparaissent en mai, et peuvent être conservées défleuries jusqu’en juillet en raison du caractère très graphique de la hampe. Avec le temps, il faut la réduire un peu en épaisseur, car elle a tendance à prendre du volume à partir du pied..
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Phormium tenax. Concours d’exotisme entre les feuilles et les hampes de fleurs !
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Ruellia brittoniana
Ruellia brittoniana est une belle vivace qui s’accorde bien avec d’autres plantes à caractère exotique, tant par le feuillage que par la fleur. Ses feuilles sont étroites et lancéolées, bien nervurées au revers; les fleurs sont d’un bleu-violacé assez lumineux, qui ressort bien dans une végétation de feuilles, genre bananier par exemple.
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Par transparence au soleil, la fleur de Ruellia brittoniana montre des nuances de bleu et de violet du plus bel effet.
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Strelizia reginae
Encore une sud africaine. Elle est très présente dans le paysage jardinier méditerranéen, où elle montre ses fleurs magnifiques au sortir de l’hiver.
Strelizia reginae
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Zantedeschia aethiopica
Il est originaire des zones humides et marécageuses d’afrique orientale et australe, comme le sud de l’Egypte et la Lybie, ainsi que d’Afrique du Sud. Sa fleur n’est pas commune et se compose d’une spathe qui entoure un spadice portant les pièces florales. Magnifique floraison blanche dès le printemps qui se prolonge toute l’année par un feuillage à caractère tropical très attractif.
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Zantedeschia aethiopica porte des fleurs originales en cornet, composées d’un spathe blanc sur sa face intérieure, et parcouru de marbrures vertes sur sa base à l’extérieur, qui s’ouvre autour d’un spacide jaune. La plante est monoïque et les pièces florales s’organisent de façon particulière : le spadice jaune porte, sur environ les 7 cm de sa partie supérieure, des fleurs mâles dont on voit ici le pollen blanc. Sur la photo de droite, ont discerne les fleurs femelles à la base du spadice. La pollinisation est assurée par les insectes qui se couvrent d’abord de pollen puis descendent à la base du cornet, à l’instar de Leptophye punctatissima.
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Il est très facile d’obtenir la fructification de Zantedeschia aethiopica …en laissant les spathes sur la plante après la floraison. Les fruits apparaissent deux bons mois après la fin de la floraison, dans le courant de l’été.