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L’acclimatation des plantes

La diversification végétale entraîne souvent l’introduction de plantes dont les conditions environnementales dans leur milieu d’origine sont plus ou moins éloignées de celles de nos jardins.

L’acclimatation de la plante va résulter de sa capacité à modifier son comportement pour continuer à assurer sa croissance et son épanouissement dans ces nouvelles conditions.

L’exposition est souvent la première considération que l’on a pour le nouvel arrivant, peut-être car c’est la plus visible : plante d’ombre, de plein soleil, de mi-ombre , etc…. C’est important, mais c’est loin d’être la seule condition d’une bonne acclimatation.

Le sol est l’une des conditions « cachée » de l’acclimatation, tant dans sa constitution chimique que physique.

Au plan chimique, certaines plantes exigent un sol acide (plantes acidophiles) ou au contraire calcaire (plantes calcicoles). Lorsque cette exigence est forte, l’inadéquation du sol va se traduire par une difficulté à assimiler les nutriments, provoquant chloroses et affaiblissement de la plante, si ce n’est, directement ou indirectement, son dépérissement.

Au plan physique, certains végétaux sont inféodés à un sol sableux, d’autre à un sol calcaire. On a vu  que Pancratium maritimum est typique d’un habitat de dunes et de sable. Cela étant, les sujets que je cultive sont en pleine terre, ce qui peut traduire une capacité d’acclimatation en culture plus grande qu’on ne l’imagine.

D’une façon générale, même si ça ne règle pas tout, je rappelle l’importance du paillis (cf. l’ article sur le paillis) dans l’amélioration du sol, tant dans sa constitution chimique que dans sa structure physique.

La rusticité est une autre condition, souvent présentée comme l’élément limitant principal de l’acclimatation des végétaux. Disons qu’en tout cas, un manque de rusticité est vite fatal pour la plante, qui risque « de ne pas passer l’hiver » ! La rusticité se définit en effet par l’aptitude d’une plante à supporter sans dommage vital une température minimale donnée (cf. l’article sur les zones de rusticité). Mais de mon point de vue ce n’est pas tout : encore faut-il s’assurer d’une « marge de rusticité » qui correspond à la capacité de la plante à résister aussi aux variations annuelles des minimas qui peuvent se traduire par un froid plus vif ou une durée plus longue (sans parler des accidents climatiques !).

L’hygrométrie, c’est-à-dire l’humidité ambiante, est une condition de bonne acclimatation pour des plantes qui bien que « rustiques » dans la zone considérée, seraient d’origine tropicale ou subtropicales et requerraient en permanence un taux d’humidité impossible à atteindre en zone méditerranéenne. Ici, la rusticité sera assurée, mais pas l’acclimatation faute d’humidité ambiante, ce qui est rédhibitoire, soit pour l’esthétisme de la plante qui ne s’épanouira pas dans son habitat d’accueil, soit même pour sa survie à terme. Fort heureusement ce n’est pas le cas pour toutes les plantes de cette origine dont l’acclimatation est souvent possible ; mais il ne faut pas sous estimer l’importance de cette condition souvent négligée.

La pluviométrie concerne tant la quantité de pluie que la période sur laquelle elle se répartit ou se concentre. Ce sujet revêt deux aspects. D’une part, directement celui de la quantité d’eau pour l’acclimatation des plantes xérophytes. Ces végétaux sont capables de vivre sans eau pendant de longues périodes, mais certains d’entre eux vont irrémédiablement dépérir en cas de « trop d’eau ». J’ai déjà vu un de mes aloès, Aloe saponaria qui n’est pas réputé pour être fragile, pourrir au coeur de la souche (au niveau racinaire) après plusieurs mois marqués par des pluies abondantes. D’autre part, les interactions entre rusticité et pluviométrie doivent être prises en considération. Ainsi, dans le cas typique des cactées et succulentes par exemple, la rusticité diminue lorsque le sol est gorgé d’eau.

Bien sûr, des aménagements peuvent faciliter une acclimatation qui, pour l’une des raisons exposées ci-dessus, serait compromise. Ainsi, pour reprendre l’exemple des cactées et des succulentes, je ne plante plus celles-ci que dans un substrat hyper drainant à base de pouzzolane, voire en cas de sensibilité notoire au couple « rusticité/pluviométrie », dans de la pouzzolane pure (cf. l’article sur Aloe dichotoma ramosissima). Dans d’autres cas, pour éviter de creuser la terre au risque de former une cuvette d’accumulation lors de forte pluies, je ne plante pas : je pose la plante sur le sol, puis je remonte le niveau de celui-ci avec un substrat drainant. Ainsi l’eau de ruissellement peut s’écouler normalement sous la base racinaire.

Mais il ne faut pas envisager d’acclimater une plante au moyen de dispositifs compliqués à mettre en œuvre ou dont la pérennité, qui conditionne aussi celle de la plante, n’est pas assurée.

Mieux vaut garder raison dans l’introduction de nouvelles espèces, que perdre celle-là en voyant dépérir celle-ci !

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