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Le paillis

Le paillis c’est la vie !

En climat méditerranéen en particulier, le mistral desséchant, les fortes chaleurs des mois d’été, les pluies concentrées en certaines périodes et souvent brutales, sont autant de facteurs qui entraînent tant le compactage des sols que leur érosion.

Le paillis joue beaucoup plus qu’un simple rôle de couverture protectrice. Il emporte plusieurs conséquences d’ordre physique, chimique et biologique :

–  En couvrant la surface du sol, le paillis va protéger celui-ci du dessèchement causé par le vent et le soleil, contribuant à limiter les arrosages par forte chaleur (cf. l’article sur le régime d’arrosage du jardin).

–  En recouvrant la terre, il va conduire la pluie battante à s’écouler plus doucement sur le sol qui l’absorbera d’autant mieux qu’il est resté humide.

–  L’épaisseur du paillis va isoler la surface du sol et modérer ainsi les variations de température au niveau racinaire.

–  Si le paillis est d’origine végétale, sa décomposition va s’accompagner du développement de la pédoflore (bactéries, algues, champignons, etc…) et de la pédofaune (protozoaires, nématodes, acariens, collemboles, vers de terre, et tant d’autres …). Ce milieu vivant va contribuer à produire des éléments nutritifs assimilables par les végétaux cultivés, ainsi que des enzymes, des hormones et des antibiotiques. Il forme à part entière l’Ecosystème sol, garant de l’état phytosanitaire du jardin (cf. l’article sur l’état phytosanitaire).

–  La décomposition des matières organiques crée un milieu propice au développement des champignons et en particulier des mycorhizes ; ces dernières contribuent à la croissance et la résistance des végétaux à la sécheresse, aux maladies et à certains parasites.

–  Sous l’effet de la décomposition bactérienne du paillis végétal, la structure du sol se transforme,  d’abord en surface, puis plus en profondeur au niveau racinaire : il se crée un humus qui, combiné à la terre, va former un complexe argilo-humique. Ce complexe, de par sa structure grumeleuse, dispose à la fois d’un pouvoir physique de rétention en eau tout en restant perméable à l’air et à l’eau, donc drainant. Il a également la propriété chimique de fixer les nutriments et de limiter ainsi leur lessivage dans les différents horizons du sol.

Pour toutes ces raisons, l’ensemble des jardins présentés dans ce site sont couverts de paillis végétal, à l’exception du jardin mexicain dont certaines parties seulement sont recouvertes d’un paillis minéral plus adapté au paysagisme du lieu et aux contraintes de culture.

Le plus difficile lors de la constitution du paillis végétal, est de trouver suffisamment de matière au sein du jardin. Tout y est passé : taille annuelle des lauriers roses, palmes fanées des palmiers, produits du défrichage du jardin mexicain, etc… Aujourd’hui, pour maintenir le paillis, tout ce qui vient de la terre retourne à la terre, excepté certaines « mauvaises » herbes montées en graines.

Pratiquement, l’idéal serait de fragmenter les déchets végétaux les plus gros pour faciliter leur décomposition, mais je ne dispose pas d’un matériel adapté. Je mets donc tout tel quel sur le sol. Avec l’humidité résiduelle due à la superposition permanente des couches de paillis, tout se dégrade avec le temps ; même les palmes rigides des Washingtonia robusta ou du Phoenix canariensis, pétioles inclus !

La mise en place d’un tel paillis végétal lorsque les végétaux sont jeunes n’est pas très esthétique, mais le développement du feuillage masque très vite tout cela.

Attention : l’utilisation du paillis suppose l’abandon d’autres pratiques culturales :

–  La pratique du bêchage et du binage est à proscrire car elle va bouleverser la vie biologique du sol.

–  L’apport d’engrais est nuisible aux mycorhizes, notamment par l’apport de phosphates. L’engrais est donc limité à certaines cultures qui ont des besoins spécifiques, tel que les agrumes.

–  L’utilisation de pesticides est également à éviter, car ils ont un effet dépressif sur la vie biologique du sol et amenuisent ainsi les mécanismes de défense naturelle à disposition des plantes.

Enfin, l’acidification du sol inhérente à la dégradation de la matière organique, suppose quelques amendements calciques ou calco-magnésiens. Personnellement, j’y répands régulièrement le broyat des coquilles d’œuf de la consommation familiale !

 

Paillis

On voit encore, entre deux massifs, le paillage grossier réalisé avec des feuilles desséchées du Cordyline australis situé juste à côté. Il n’aura fallu ensuite qu’une année à Gazania rigens et à Epilobium canum « Western Hills » pour se rejoindre et masquer le paillis de leur feuillage respectif.

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